Rivalité fraternelle : comment intervenir lorsque les enfants se disputent ?


Avoir une sœur ou un frère est rarement une situation évidente pour l'enfant qui se voit contraint  de partager l'amour et l'attention de sa maman et de son papa d'une part, ainsi que ses jouets voire sa chambre d'autre part, alors qu'au fond de son cœur, il rêve d'en avoir le monopole. Cette obligation de partage amène les fratries à se disputer régulièrement.

Les motifs de dispute officiels, les plus fréquents, entre frère(s) et sœur(s) portent sur la propriété (ex : « Cette poupée est à moi et je ne veux pas que tu y touches ! ») et sur le territoire (ex : « Maman ! Il est entré dans ma chambre ! ). Mais lorsqu'on creuse un peu, on s'aperçoit que les causes des disputes peuvent être bien plus officieuses. Il arrive ainsi que certains enfants se disputent afin d'obliger un parent à prendre parti, d'autres se disputent parce qu'ils adorent voire le parent dans tous ses états, d'autres encore se querellent parce qu'ils sont furieux contre eux-mêmes ou contre un ami voire contre la maîtresse et qu'ils ont besoin de quelqu'un pour se défouler…. Il existe de nombreuses raisons pour les enfants de se disputer sans que les adultes en perçoivent les réelles motivations.

Parfois, les conflits entre frère(s) et sœur(s) prennent une telle place dans la famille, de par leur fréquence et récurrence, que les parents se sentent dépassés et ne savent plus comment intervenir efficacement pour faire cesser les cris et hurlements de leurs enfants.

Nous allons voir dans cet article, différentes façon d'intervenir, certaines d'entre elles s'avèreront inefficaces voire  "nocives" pour les enfants et nous essaierons de voir pourquoi, d'autres plus saines  seront proposées.

Commençons pas imaginer une situation conflictuelle classique


Nous sommes un dimanche matin, il pleut et il est impossible de sortir les enfants. Paul, 8 ans, s'ennuie et recherche une activité.  Tout d'un coup, ses yeux tombent sur ses vieux cubes et sur une série de petits animaux. Ce sont des jouets pour les petits mais Paul a une idée : il va faire un zoo. Zoé, sa petite sœur âgée de 5 ans, s'ennuie également et ne sait pas quoi faire. Cela fait longtemps qu'elle ne joue plus avec les vieux cubes et les animaux mais elle voit son frère tellement s'amuser que cela lui donne envie de participer. Elle se laisse tomber à côté de lui et dit « Moi aussi je veux jouer ». Paul n'est pas de cet avis et la dispute éclate.

Les réactions qui n'aident pas des enfants en train de se disputer :


« Arrêtez tous les deux tout de suite ! »

Cette injonction du parent est impossible à respecter sereinement par les enfants, chacun associant l'arrêt du conflit à la victoire de l'autre.

« Qui a commencé ? ne me racontez pas d'histoire »

Là, à coup sûr, chaque enfant se renverra la responsabilité « C'est elle », « Non, c'est lui ».

« Vous devriez avoir honte de vous disputer pour des jouets de rien du tout ! Chaque fois que je viens vous voir vous êtes en train de vous chamailler.»

Là encore, les enfants vont se renvoyer la responsabilité.  Paul évoquera sa primauté dans l'instauration du jeu, tandis que Zoé rapportera le fait que son frère ne la laisse pas jouer.

« Je me moque de savoir comment ça a commencé, je veux que ça cesse tout de suite ! »

Les enfants ici éprouveront le besoin d'expliciter les motifs de leur dispute et il leur sera impossible de cesser sereinement le conflit, sans avoir donner leur version respective des faits. 

« Je vous jure que tous les deux vous allez finir par me donner un ulcère ! »

Face à une telle réaction, les enfants ne pourront que ressentir de la culpabilité. Or souhaitez-vous réellement que vos enfants cessent de se disputer par crainte de vous rendre malade ? Et si demain vous tombiez malade (chose que je ne vous souhaite pas !) , comment se sentiraient vos enfants ? La culpabilisation n'est guère un moyen sain pour faire cesser une querelle entre enfants.

« Tu es trop grand pour ce jouet. Donne-le à sœur ! Trouve quelque chose d'autre pour jouer. »

Paul ressentira de l'injustice et cela ne pourra qu'intensifier son ressentiment à l'égard de sa sœur. Le conflit cessera peut être sur l'instant mais il recommencera de plus belle. Tandis que Zoé, aura l'impression que sa maman ou que son papa la défend toujours.

« Pourquoi ne pouvez-vous pas partager ? Vous verrez, c'est amusant de jouer ensemble. »

En souhaitant faire passer un message aux enfants sur les biens faits du jeu à plusieurs, vous contraignez Paul à faire quelque chose dont il n'a pas eu l'idée et qu'il ne veut pas tandis que sa sœur à le sentiment de gagner puisque le parent, par cette remarque, oblige son frère à la laisser jouer. La encore, le conflit peu cesser et Paul d'accepter de jouer avec sa sœur, mais son ressentiment à l'égard de cette dernière ne pourra que croître.

« Je confisque ce jouet. Allez ! Chacun dans sa chambre ! »

Dans cette situation, le conflit cesse mais Paul aura le sentiment que sa sœur lui gâche l'existence puisqu'il pensera que c'est à cause d'elle qu'il est puni, tandis que Zoé, sera sans soute déçue d'être punie mais elle éprouvera aussi du soulagement car au moins son frère ne pourra pas jouer non plus.

Ces moyens classiques pour faire cesser les disputes au sein de la fratrie ne sont pas toujours efficaces et lorsqu'ils le sont, le conflit est réglé en surface car au fond, les enfants ressentent de la frustration et/ou  de la rancune.

Voici une autre façon d'aborder le problème pour les parents


Première étape : Commencer par reconnaître les griefs des enfants l'un envers l'autre : « Oh la la ! Vous avez l'air vraiment fâché ! ». Ce seul fait devrait les aider à les calmer.

Deuxième étape : Ecouter la version de chaque enfant avec respect.

Troisième étape : Reformuler le problème et reconnaître sa gravité : « Alors c'est toi, Paul qui avait eu l'idée de faire un zoo et tu voulais le faire seul. Et quand tu l'as vu faire, Zoé, toi aussi tu as voulu jouer au zoo ! Je vois… hum… c'est un vrai problème. Deux enfants qui tous les deux veulent les mêmes jouets en même temps !»

Quatrième étape : Manifester de la confiance quant à leur capacité de trouver une solution qui leur convienne mutuellement : « Je suis sûr(e) que si vous vous y mettez tous les deux, vous trouverez une solution qui soit juste pour tout le monde ».

Cinquième étape : Quitter la pièce : « Pendant que vous réfléchissez je vais lire mon journal ».

Que faire si les enfants n'ont pas la moindre idée de la façon de s'entendre ?
Vous pourriez d'un air détaché, faire une ou deux suggestions avant de partir.  Comme : « Jouez chacun votre tour ou jouez ensemble. Parlez-en entre vous. Vous trouverez bien. »

Que faire si les enfants essaient mais que ça se termine en hurlements ?
Dans ce cas, il peut être effectivement nécessaire que vous tranchiez pour eux afin de mettre un terme au conflit. Cependant, il me semble important, dès lors, que vous verbalisiez le fait qu'ils vont peut-être trouver votre décision injuste. Il est également important de leur préciser, qu'un peu plus tard dans la journée (lorsque la tension sera redescendue), il faudra avoir une conversation ensemble sur « que faire quand deux enfants veulent jouer au même jeu en même temps ? ». Vous pourriez dire quelque chose comme : « Je vais faire une chose qui peut ne pas plaire à l'un de vous. Toi, Paul, tu peux continuer à faire ton zoo et toi, Zoé, tu viens avec moi me tenir compagnie. Mais ce soir, après le dîner, nous aurons une conversation. Il faut établir des règles, savoir que faire lorsqu'un enfant joue à quelque chose et que l'autre veut y aussi jouer ». A l'occasion de cette conversation, il sera intéressant d'amener les  enfants à exprimer leur avis respectif sur les solutions possibles en cas de conflit similaire. 

Pour résumer, face aux conflits entre sœur(s) et frère(s), il est préférable d'intervenir sans s'engager c'est à dire sans prendre parti, en écoutant les enfants dans leur colère (sans la minimiser et/ ou la prendre à la légère)  et en les amenant à trouver leur propre solution pour cesser de se disputer. Cette façon de procéder est celle qui, a mon sens, permet au mieux de faire cesser sereinement et durablement les conflits. Les enfants apprennent ainsi à s'écouter vraiment l'un l'autre, à respecter leurs différences et à trouver les solutions pour surmonter ces différences. Nous verrons de façon plus approfondie dans un article à venir des pistes pour aider les enfants à résoudre un conflit difficile.

Avertissements

  • Cet article est destiné à vous fournir des pistes pour aider vos enfants à mettre un terme à leur dispute. Il ne s'agit que de propositions et il en existe sans doute d'autres.

  • Par ailleurs, lorsque les rapports d'un enfant avec ses frères et soeurs paraissent dominés par la malveillance, une jalousie exacerbée et une rivalité constante; s'il ne partage jamais; s'il passe son temps à brutaliser ses frères et soeurs physiquement ou verbalement, il serait préférable d'avoir recours à l'aide d'un professionnel (psychologue, psychothérapeute ou psychiatre). 

Je reste ouverte à toute remarque : opheliacavanna@gmail.com

Ophélia Cavanna Psychologue Clinicienne



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